Le célèbre reporter à la houppette s’exprime désormais dans une langue régionale grâce à l’initiative de Brice Roborel de Climens. Avec la parution du deuxième album traduit en champenois, c’est tout un pan de la culture locale qui s’anime.
Du succès des « Bijoux » à la licorne champenoise
Après le succès retentissant de la traduction des Bijoux de la Castafiore, écoulée à plus de 3000 exemplaires en un mois et demi, l’équipe de la Maison du Folklore de Champagne a choisi de poursuivre l’aventure avec Le Secret de la Licorne, devenu « Loucr ou la Licorne ». « On ne pouvait pas s’arrêter là. L’engouement pour le champenois était trop fort », explique Brice Roborel de Climens.
Traduire Tintin dans une langue régionale est un travail d’équipe complexe. « Il faut environ 30 personnes pour traduire un album », détaille Brice. Du manuscrit manuscrit à l’envoi par mail, en passant par la relecture sur ordinateur — puisque le champenois n’existe pas dans les logiciels classiques — chaque étape est un défi linguistique et technique.
« Casterman estime qu’il faut cinq ans pour une traduction régionale. Nous avons mis six mois », précise-t-il fièrement.
Fidélité à Hergé et richesse du terroir
Respecter l’esprit d’Hergé, ses jeux de mots, onomatopées et expressions populaires, est une exigence centrale. L’équipe veille à ce que la traduction reste vivante, drôle et fluide. Et pour aider les lecteurs, un glossaire quadrilingue a été ajouté : un outil inédit, qui reflète les différentes variantes du champenois, de Sedan à la vallée de la Semoy.
« Chez moi, un chat c’est un marcou. Un enfant qui ne mange rien, c’est un achou », illustre Brice, mettant en lumière la diversité lexicale de la région. Le plus surprenant ? Le public jeune séduit par l’initiative. « À Châlons, 50 % des dédicaces ont été faites à des jeunes de 20 à 35 ans », affirme Brice. Des conférences scolaires sont même organisées, et l’accueil est exceptionnel : « Ils n’ont pas décroché une seule fois pendant trois heures ».
L’objectif est clair : transmettre une culture régionale tout en la rendant accessible, ludique et actuelle. À travers ce projet, c’est l’identité champenoise qui se raconte et se revendique. « Les jeunes réalisent qu’ils utilisent déjà des mots du patois sans le savoir. Et ils en sont fiers », se réjouit Brice Roborel de Climens.