Logo de la Nuit des Réussites
Votez dès maintenant pour le Trophée du public de la Nuit des Réussites 2025

« Ça ne tient plus ! », les associations se mobilisent pour alerter sur leurs situations financières

Durée de lecture : 7 min.
Baisse de financement, précarité et augmentation des besoins, dégradations des conditions, risques de disparition… Le Mouvement Associatif a lancé un appel national à la mobilisation pour la journée du 11 octobre afin d’alerter sur « la crise sans précédent » que traversent les associations.
Baisse de financement, précarité et augmentation des besoins, dégradations des conditions, risques de disparition… Le Mouvement Associatif a lancé un appel national à la mobilisation pour la journée du 11 octobre afin d’alerter sur « la crise sans précédent » que traversent les associations.

« Ça ne tient plus ! ». Dans un courrier envoyé le 3 septembre, Claire Thoury, présidente du Mouvement Associatif, appelle à la mobilisation des associations pour la journée de ce 11 octobre 2025. « Notre tissu associatif est quelque chose de merveilleux, un bien commun qui nous rend fiers et qui ne doit pas être sacrifié par les coupes budgétaires », exprime Claire Thoury dans son courrier.

Le 11 octobre ouvre une nouvelle étape dans la mobilisation du secteur associatif pour alerter sur sa situation financière dégradée et sur le coût économique, social et démocratique qui en découle », déclare Le Mouvement Associatif.

L’organisme rassemble plus de 700 000 associations en France, ce qui représente plus de la moitié. Parmi elles se trouvent différents champs d’activité comme le sport, la culture, l’éducation populaire, le social, l’environnement ou la jeunesse.

Le monde associatif comprend 20 millions de bénévoles, 1,8 million de salariés, ainsi que 67 millions de Français touchés par les actions des associations. Pourtant, il fait face à de nombreuses difficultés telles que la baisse de financements, la précarité croissante, l’augmentation des besoins, la dégradation des conditions ou encore le risque de disparition. Pour le Mouvement Associatif, « affaiblir » les associations « n’a pas de sens » car elles « changent concrètement la vie des gens, offrent du pouvoir d’agir et renforcent les liens sociaux et sont un remède à la crise démocratique que nous traversons ».

Une « crise sans précédent » pour les associations

Cette mobilisation est une alerte face à « une crise sans précédent » qui touche le monde associatif. Le message central est « pas un euro de moins » pour les associations. « Les associations ne sont pas une variable d’ajustement budgétaire et les coupes dans les budgets dédiés à la vie associative doivent stopper », martèle Le Mouvement Associatif.

Etienne Clément, Président de Ligue de protection des oiseaux de Champagne-Ardenne et coordinateur LPO Grand Est a exprimé ne pas organiser de  « mobilisation physique ». Toutefois, il a rédigé un document reprenant « différentes choses qui représentent le poids des associations et les difficultés qu’elles rencontrent ». Ce dernier a été envoyé ce 9 octobre dans la soirée et ce 10 octobre en début de matinée aux députés et sénateurs de la Région Grand Est.

Selon de récentes données, la trésorerie des associations est en baisse avec des financements qui se « raréfient et diminuent, tandis que les opportunités d’emploi se réduisent ». L’une des enquêtes qui documentent ces constats a été menée par l’Observatoire régional de la vie associative des Hauts-de-France (ORVA), à la demande du Mouvement associatif, du Réseau National des Maisons des Associations et d’Hexopée. Cette dernière s’appuie sur plus de 5 500 témoignages de dirigeants d’associations

Les données recueillies ont pu permettre de récolter les chiffres suivants : 

  • 31 % des associations employeuses disposent d’une trésorerie inférieure à trois mois, ce qui les rend particulièrement vulnérables
  • 23 % des associations ont des problèmes de trésorerie de manière récurrente et 31 % de manière ponctuelle
  • Près de la moitié des renouvellements de subvention n’ont pas encore abouti : 5 % des demandes ont d’ores et déjà été refusées
  •  25 % des subventions déjà attribuées sont en légère baisse et 20 % en forte baisse.

D’après le Bulletin Officiel des Annonces Civiles et Commerciales (BODACC), plus de 1 000 procédures collectives concernent des associations en difficulté, dont environ 460, un chiffre qui a doublé depuis 2022. Une évolution structurelle du financement associatif s’ajoute à la crise et aux coupes budgétaires.

« Les subventions pluriannuelles, qui assurent une continuité, sont de plus en plus remplacées par des financements ponctuels liés aux appels à projets et aux marchés publics », précise le Mouvement Associatif. 

Selon le Conseil économique, social et environnemental, la part des subventions publiques dans les ressources des associations a chuté de 41 % entre 2005 et 2020, passant de 34 % à 20 %. 

Le CIDFF 52 particulièrement touché

Les Centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) de France affrontent depuis plusieurs mois une crise inédite : elles n’ont pas reçu les subventions que l’État s’était engagé à verser pour les financer, ainsi que la compensation financière « Prime Ségur ». Ces associations ferment leurs permanences une à une pour manifester. C’était le cas du CIDIFF 52 au mois de juin dernier.

98 CIDIFF sont présents dans chaque département afin d’apporter une aide juridique, professionnelle, ainsi qu’une écoute et des conseils variés aux femmes et aux familles, dans une démarche de favorisation de l’autonomie et d’égalité femmes hommes. Au total, 2 300 permanences existent aujourd’hui en France.

Sans l’aide de l’État, les CIDFF ne peuvent pas accompagner durablement les personnes qu’ils accueillent chaque jour. C’est le cas pour l’antenne de Haute-Marne qui se retrouve dans une position « catastrophique » face à ce manque de versement. L’État représente 80 % du budget, comme le précisait la directrice Salomé Lebaigue. Le CIDFF 52 assure des permanences juridiques et socio-professionnelles à Chaumont, Langres et Saint-Dizier.

Au cours de l’année 2024, l’association haut-marnaise a accueilli pas moins de 2 777 demandes, et 1 709 d’entre elles concernaient des accompagnements juridiques.

Tags
Filigrane