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Nés pour le Reich, recueillis à Commercy : hommage aux enfants du Lebensborn

Durée de lecture : 6 min.
Il y a presque 80 ans sont apparus les Lebensborn, des maternités où naissaient des enfants dits « parfaits » selon les critères de l’idéologie nazie. On les appelle les enfants de Lebensborn. Après la guerre, certains d’entre eux ont été recueillis dans des familles de Commercy.
Il y a presque 80 ans sont apparus les Lebensborn, des maternités où naissaient des enfants dits « parfaits » selon les critères de l’idéologie nazie. On les appelle les enfants de Lebensborn. Après la guerre, certains d’entre eux ont été recueillis dans des familles de Commercy.

« C’est un évènement historique qui diffère de la Première et de la Seconde Guerre mondiale ». Un devoir de mémoire à part, pour se souvenir. C’est comme cela que Cédric Schwindt, directeur du service départemental de la Meuse de l’Office National des Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG) présente cette commémoration. 

Vendredi 10 octobre, une cérémonie un peu particulière s’est déroulée au sein de l’hôpital Saint-Charles de Commercy. Il s’agissait d’un hommage aux enfants de Lebensborn, avec la présence des collégiens et lycéens de la ville. 

Cette cérémonie entre pour la première fois cette année au calendrier officiel des cérémonies de la Ville de Commercy. Son objectif ? Faire en sorte que cette histoire ne s’oublie pas. 

Des enfants dits « parfaits » selon l’idéologie nazie

Tout commence en 1933. À la suite de la prise de pouvoir d’Adolf Hitler, le mouvement « pseudo-scientifique » eugéniste va se répandre à grande vitesse. Il se traduit par la mise en avant des individus porteurs de critères physiques spécifiques tels que la blondeur des cheveux, les yeux clairs, ou encore un physique fort, dont il faut « faciliter la reproduction »

Ainsi, les nouvelles générations issues de cette sélection sont destinées à peupler un « Reich millénaire ». Le pendant de cette dernière est d’éliminer les individus « non désirés », porteurs de critères « non recherchés »

Au total, des millions de personnes vont périr durant les années 30 et 40 au nom de la « race supérieure ».

C’est alors qu’en 1935, naissent les Lebensborn, des maternités où des femmes donnaient naissance à des enfants dits « parfaits » de race aryenne, selon les critères de l’idéologie nazie et dont les pères étaient des SS ou encore des soldats allemands. Rapidement, les femmes avec une grossesse non désirée et porteuses des « bons critères »  peuvent y venir accoucher en toute discrétion et donner leur nouveau-né au régime

Dans les réseaux d’encadrement de la jeunesse allemande, une sélection est entamée pour trouver les meilleures jeunes femmes, futures génitrices, et les « meilleurs hommes » destinés à la SS. Pour les enfants passant des sélections plus poussées via des tests médicaux et qui ne présentent pas les bonnes dispositions, le sort est plus funeste : ils sont euthanasiés

Au total, on estime qu’environ 25 000 enfants seraient issus de ces dispositifs. À la fin de la guerre, ils sont abandonnés avant d’être recueillis par les Nations Unies. Ils furent renvoyés vers les pays dont on les supposait originaires pour y être adoptés.

Un devoir de mémoire pour que l’histoire ne s’oublie pas

Les 5 août et 12 octobre 1946, deux trains transportent une soixantaine d’enfants en direction de la gare de Commercy, pour être placés en famille d’accueil ou être adoptés. Toutefois, certains d’entre eux, faibles et à la santé précaire, n’ont pas survécu. En tout, 17 enfants issus des Lebensborn ont reçu une nouvelle identité et un nouvel acte de naissance à la mairie de Bar-le-Duc en 1947. 

Peu de sources concernent les Lebensborn malgré quelques publications ou films dans les années 50 et 70. « Pendant 60 ans, les enfants des Lebensborn n’ont pas laissé de trace », partage Cédric Schwindt, directeur du service départemental de la Meuse de l’Office National des Combattants et Victimes de Guerre. 

En France, dans les années 2000, l’association Les enfants de Lebensborn est née sous l’initiative de trois enfants issus des deux trains arrivés à Commercy : Walter Beaussert, Gisèle Niange et Jean-Pierre Roulet. 

Une seconde cérémonie a eu lieu ce 10 octobre. Dans la matinée, des interventions en classes ont été organisées au collège des Tilleuls et au lycée Henri Vogt par l’association en Mémoire des enfants des Lebensborn et l’ONACVG. Les élèves ont également été acteurs de la cérémonie à travers des lectures, d’un dévoilement de plaque ou encore par un dépôt de gerbes. « On construit une mémoire », partage Cédric Schwindt, « C’est une histoire récente, les enfants de Lebensborn ont découvert leur origine il y a 20 ou 25 ans. Autant que la jeunesse l’apprenne aussi ». 

Transmettre à la jeunesse, c’est permettre que des personnes prennent la relève pour que cette histoire ne s’oublie pas ».

Cette histoire douloureuse fêtera ses 80 ans en 2026. L’Office National des Combattants et Victimes de Guerre compte marquer le coup : « On va essayer de réunir les enfants de Lebensborn des autres pays d’Europe ». 
Aujourd’hui octogénaires, les enfants de Lebensborn sont les derniers acteurs de la Seconde Guerre mondiale.

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