Dès sept heures du matin, ils étaient présents. Ce mardi 28 octobre, une cinquantaine de manifestants se sont rassemblés devant les aciéries Hachette et Driout de Saint-Dizier. La raison : la mise en redressement judiciaire du nouvel actionnaire ACI Group.
Une situation sous tension pour Hachette et Driout
« Ce sont eux qui ont bousillé notre boite », exprime William Olivo, secrétaire du syndicat FHD et membre du CSE de Hachette et Driout. Le 26 février dernier, ACI Group a racheté les Fonderies Hachette et Driout pour la somme de 200 000 euros. « Chaque mois, ACI Group nous prélève 100 000 euros alors qu’on est déjà déficitaire », exclame William Olivo. L’entreprise avait déjà été mise en redressement judiciaire en décembre 2024 avant d’être rachetée.
Le 25 septembre, le comité social et économique lance une procédure de droit d’alerte. Deux jours plus tard, le groupe ACI est placé en redressement judiciaire. Un pas vers une situation qui devient de plus en plus compliquée. À peine trois semaines après cette annonce, le tribunal des activités économiques de Lyon a pris la décision de mettre la société en administration judiciaire, le vendredi 17 octobre, à la demande des administrateurs en charge du redressement, leur confiant la pleine gestion de l’entreprise.
Un choix qui met fin à la direction de Philippe Rivière, le fondateur du groupe, au profit d’une gouvernance assurée désormais par les administrateurs et un futur manager de transition. La nouvelle a suscité des réactions contrastées. Si certains représentants syndicaux y voient une occasion de débloquer la situation du groupe, d’autres restent prudents, soulignant les incertitudes persistantes autour du financement nécessaire à la continuité d’activité.« On a une trésorerie très très faible », partage William Olivo.
Vers un redressement judiciaire ?
Fin septembre, trois équipes de moulage ont été mises en temps partiel dû à un manque de financement pour du matériel : « On n’a pas de bouchons, pas de gants, pas de masques pour la poussière… on travaille dans des conditions dégradées ».
« Pourquoi on manifeste ? C’est pour les salariés comme moi qui sont là en temps-partiel », exprime William Olivo.
Pour le budget fonds de roulement, il faut au moins deux millions d’euros et on ne les a pas. Donc, on va peut-être travailler deux semaines, voire trois au mois de novembre et après, je pense qu’on sera en redressement judiciaire », déclare le secrétaire du syndicat FHD.
Depuis le 25 septembre, les actionnaires n’ont pas donné de nouvelles : « J’avais deux actionnaires qui venaient de temps en temps chez Hachette. Ces personnes-là ne sont plus là, ils ne viennent plus nous voir et ça je ne le comprends pas », déclare William Olivo.
Contacté, le groupe ACI n’a pas répondu à nos sollicitations.
Une entrevue avec le maire de Saint-Dizier
Dans l’après-midi ce mardi 28 octobre, Quentin Brière, maire de Saint-Dizier, a rencontré les salariés de Hachette et Driout pour « leur rappeler la mobilisation totale du territoire derrière
cette entreprise intimement liée à son histoire et son identité ».
Ces 250 femmes et ces hommes traversent une situation qui n’est pas tolérable. Pour eux, comme pour leurs familles, et l’ensemble des sous-traitants et partenaires économiques qui vivent grâce à l’activité des aciéries », a déclaré le maire.
Quentin Brière appelle « à une mobilisation collective de l’ensemble des partenaires
économiques et acteurs du territoire, pour trouver une issue positive et préparer, le moment
venu, la meilleure solution possible ».
Les Fonderies Hachette et Driout représentent 250 emplois, soit près de 17 % des effectifs du
groupe ACI. Le maire réaffirme son soutien total aux salariés et à leurs familles et demande
que « le groupe ACI clarifie rapidement sa situation ».
« Nous devons pouvoir compter sur la transparence et la responsabilité de chacun. Les
salariés ont fait leur part. Il est temps que le groupe fasse la sienne ».