Avec une approche originale et percutante, le court-métrage Postmortem aborde la thématique sensible des violences intrafamiliales. Tourné intégralement dans la Meuse, avec des équipes locales bénévoles, le film met en scène un couple dont l’histoire d’amour vire au drame… racontée après leur mort.
Une narration inversée pour susciter la réflexion
« On a fait le choix de les faire mourir dès le début », expliquent Jean-Philippe et Olivier, les auteurs du film. Ce procédé narratif à la Columbo inversée offre une plongée émotionnelle dans les monologues post-mortem des deux protagonistes. Chacun livre sa version des faits, révélant une réalité subjective et un terrible décalage de perceptions.
« On devrait parler d’histoires vraies, au pluriel », précise l’équipe. Le film ne relate pas un fait divers unique mais compile des réalités vécues, anonymisées et transposées avec pudeur et justesse. Le but : susciter l’identification et le débat, faire écho à ce que certains spectateurs vivent ou ont vécu.
Un outil de sensibilisation
Conçu comme un outil pédagogique, Postmortem a vocation à être diffusé dans les festivals, les établissements scolaires, les structures sociales. « On veut que ce film serve. Qu’il déclenche des discussions, des prises de conscience », insistent les réalisateurs. Lors de sa première projection, certains spectateurs ont été bouleversés.
Tourné à Condé-en-Barrois, ce huis clos rural s’inscrit aussi dans une réalité glaçante : les féminicides en milieu rural représentent près de 50 % des cas en France. Le choix de ce décor souligne l’universalité du drame, loin des clichés urbains.
Le film joue sur une colorimétrie sépia nuancée, des plans asymétriques (gros plan pour la victime, plan large pour l’agresseur), renforçant l’impression d’incommunicabilité entre les deux personnages. Un travail de mise en scène sobre et percutant.