En 2009, un tube improbable envahit les ondes : Ça m’énerve. D’un humour grinçant, porté par un accent allemand caricatural, Helmut Fritz devenait en quelques semaines une figure marquante de la scène électropop française. Quinze ans plus tard, Éric Greff, son créateur, revient sur l’évolution de ce personnage et de sa propre trajectoire artistique.
De l’aristocrate à l’artiste libre
Derrière Helmut Fritz se cache Éric Greff, un auteur-compositeur-interprète français aujourd’hui âgé de 49 ans. Invité à Saint-Dizier, il partage avec lucidité les coulisses de son parcours.
Je me suis détaché du personnage dans ma création actuelle. Sous le nom de Remo, je propose une pop très mélancolique, presque poétique, à l’opposé du clown gesticulant que je serai ce soir sur scène, confie-t-il.
Cette dualité artistique, il l’assume pleinement. S’il continue d’incarner Helmut sur scène, c’est dans une forme réinventée, plus proche de ses influences rock et de sa personnalité actuelle. « J’étais un copier-coller de Karl Lagerfeld. Aujourd’hui, Helmut est devenu plus cool, influencé par la culture skate, plus proche de ce que je suis. »
Gloire et anonymat : un équilibre précieux
Contrairement à d’autres artistes, Éric Greff n’est pas reconnu dans la rue, et il en est heureux. « J’ai la chance de ne pas être identifié immédiatement. J’aime pouvoir aller faire mes courses tranquillement. J’ai vu des gens comme Pascal Obispo ne pas pouvoir faire cinq mètres sans être arrêtés. C’est épuisant. »
La célébrité, il la connaît, mais à dose mesurée. Et cela lui convient parfaitement, surtout pour préserver une vie de famille discrète.
Une carrière plurielle : musique, poésie et littérature
En parallèle de la scène, Éric Greff est aussi écrivain. Il a publié Rockstar sinon rien aux éditions Carrière, un ouvrage autobiographique retraçant sa décision de quitter une carrière de cadre pour suivre son rêve musical. Plus récemment, il a autoédité un recueil de poèmes, dont certains sont aujourd’hui mis en musique via son projet Remo.
Ce projet, c’est mon actualité. Et j’aurai la chance de faire deux premières parties d’Alsé à l’Olympia en septembre.
L’époque des réseaux : une distance assumée
Artiste de l’ancienne génération, Greff observe avec recul le monde numérique actuel. S’il ne rejette pas l’époque, il avoue se sentir en décalage. « Mon métier, c’est de faire des chansons, pas d’être créateur de contenu. Aujourd’hui, il faut poster sans cesse pour exister. Je respecte ça, mais je ne m’y retrouve pas. »
Il doute même qu’un titre comme Ça m’énerve aurait le même impact aujourd’hui sans le soutien des algorithmes. « Le buzz de 2009, je ne suis pas sûr qu’il se reproduirait. »
 
					 
							 
				 
