« L’Appelé « : Guillaume Viry redonne voix à un soldat brisé par la guerre d’Algérie

Durée de lecture : 3 min.
Sur notre plateau, nous recevons un auteur pour qui l'écriture a été un acte de transmission, de réparation, mais aussi d’enquête intime. Guillaume Viry signe avec L’Appelé un premier roman aussi bouleversant qui plait aux lecteurs.
Sur notre plateau, nous recevons un auteur pour qui l'écriture a été un acte de transmission, de réparation, mais aussi d’enquête intime. Guillaume Viry signe avec L’Appelé un premier roman aussi bouleversant qui plait aux lecteurs.

Avec L’Appelé, Guillaume Viry signe un premier roman bouleversant, à la croisée de l’enquête intime, de la mémoire familiale et de l’histoire collective. L’œuvre explore les traumatismes de la guerre d’Algérie, vécus par des milliers d’appelés, à travers la figure d’un oncle profondément marqué par son bref passage en 1962.

Il est revenu brisé. Hospitalisé en psychiatrie, il n’a jamais réussi à revenir dans la vie normale.

Ce roman se veut donc un acte de réparation, une parole posée sur un silence lourd, longtemps resté enfoui dans l’ombre des récits officiels.

Un style littéraire à la hauteur du chaos

L’écriture mêle fragmentation, polyphonie et poésie. L’histoire est racontée à travers plusieurs voix : celle de Jean (l’appelé), de son père, son frère, et de son neveu — ce dernier devenant le narrateur principal, en quête d’un passé qu’il ne connaît pas. « Le chaos de leurs existences s’exprime par la forme même du roman. »

Cette narration éclatée reflète à la fois la violence du conflit, le désarroi des familles, et le poids du non-dit.

Guillaume Viry s’est nourri de lectures d’historiens comme Benjamin Stora ou Raphaëlle Branche (Papa, qu’as-tu fait en Algérie ?), mais aussi d’œuvres littéraires comme Des hommes de Laurent Mauvignier. Ces influences traversent son écriture, entre réalisme documentaire et subjectivité incarnée. « Il y a énormément d’appelés qui sont revenus fissurés. Mon roman leur rend hommage », assure l’écrivain.

Briser le silence des familles

Le livre a une mission : faire entendre des histoires étouffées. Ce n’est pas un hasard si de nombreux lecteurs viennent le remercier et partager leurs propres récits familiaux similaires.

Le roman devient un espace de résonance collective, une tentative de relier les fragments épars de cette mémoire blessée. Lauréat du Prix des lecteurs des bibliothèques de Paris, L’Appelé a touché un large public.

Un deuxième roman déjà en route

Guillaume Viry a écrit ce livre dans une cabane face au lac Léman, lors d’une résidence à la fondation Jan Michalski. Ce lieu de solitude et de beauté a favorisé l’immersion complète dans l’écriture, loin du tumulte quotidien.

Prévu pour janvier 2026, son prochain livre racontera le destin d’une femme juive polonaise fuyant la Pologne jusqu’au jour de la rafle du Vél’ d’Hiv. Encore une voix intérieure, encore une mémoire à exhumer.

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Nicolas Fontaine

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