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États-Unis – Union européenne : les vins, le champagne et les spiritueux européens soumis à une taxe de 15% à partir du 7 août.

Durée de lecture : 5 min.
Malgré l’accord commercial signé fin juillet entre Washington et Bruxelles, les produits phares de la viticulture européenne ne sont pas épargnés par les nouveaux droits de douane mis en place par les États-Unis. Une mesure redoutée pour certains vignerons de la filière française malgré un certain optimisme.
Malgré l’accord commercial signé fin juillet entre Washington et Bruxelles, les produits phares de la viticulture européenne ne sont pas épargnés par les nouveaux droits de douane mis en place par les États-Unis. Une mesure redoutée pour certains vignerons de la filière française malgré un certain optimisme.

C’est désormais officiel. Les vins, le champagne et les spiritueux européens seront bien taxés à 15% lors de leur arrivée sur le sol américain. Cette décision est une conséquence directe de l’accord commercial conclu le 27 juillet dernier entre Donald Trump et Ursula von der Leyen. La mesure rentrera en vigueur à partir du 7 août 2025, initialement prévue ce vendredi 1ᵉʳ août.

Malgré certains espoirs, aucune exemption n’a été accordée aux produits européens phares qui représentent des milliards d’euros d’exportation chaque année.

Des effets contrastés

L’accord convenu prévoit un tarif uniforme de 15% sur la majorité des exportations européennes vers les États-Unis. Si certains produits, comme les aéronefs ou le liège, ont obtenu une dérogation, le vin, les spiritueux et le champagne ont été exclus de cette première vague d’exemptions.

En 2024, l’Union européenne a exporté près de 9 milliards d’euros de vins et de spiritueux vers les États-Unis, dont 3.8 milliards d’euros pour la France. Le champagne, lui, représente 43% du chiffre d’affaires des vins français dans la grande distribution américaine.

Des réactions mitigées

Cependant, certains professionnels du secteur relativisent l’impact immédiat de la mesure. « Il [Donald Trump, NDLR] nous annonçait tellement pire que finalement 15%, ça va », déclare Bertrand Trepo, vigneron et président de l’Association de promotion du champagne et des coteaux vitryats. Bertrand n’exporte pas ses bouteilles aux États-Unis, mais comprend l’enjeu. « Indirectement, on est tous impactés, mais moi, je suis sûr du tourisme local, donc tout va bien. Après, si on augmente les taxes, on ferme des filières. Avec 15%, on va continuer à vendre aux États-Unis, ça sera juste plus cher ».

« Le moins pire, ça aurait été 0, mais 15% c’est raisonnable. Puis quand le patron de LVMH dit que « finalement 15%, ça va », ça me rassure », explique-t-il.

Les États-Unis restent le premier marché d’exportation pour LVMH (groupe Louis Vuitton et Moët Hennessy) dans le secteur des vins et spiritueux. En 2024, 25% de leur chiffre d’affaires total était issue de l’exportation en Amérique, soit 21.6 milliards d’euros. Pour la division vins et spiritueux, cela représente 7% du chiffre d’affaires total, soit 5,9 milliards d’euros.

Alors, à l’annonce de l’augmentation des frais de douane, Bernard Arnault, directeur général du groupe LVMH, a tenu à exprimer ses inquiétudes face à cette décision économique drastique. Il a alerté à de nombreuses reprises la vulnérabilité de son groupe face à des frais de douanes élevés, notamment en juin dernier à nos confrères du Financial Times « Un droit de douane à 30% serait insensé. Ce serait une pénalité pour le goût. »

La Région Grand Est avait déjà réagi à cette augmentation

Lorsque le président américain Donald Trump avait annoncé une augmentation de 30% en juillet dernier, Franck Leroy avait témoigné d’une vive inquiétude en qualifiant cette décision « arbitraire et brutale » et en soulignant « qu’elle ne ferait que des perdants ».

La région reste fortement exportatrice avec chaque année plus de 5 milliards d’euros de biens vers les États-Unis, particulièrement dans les secteurs de la viticulture, de l’agriculture, de la pharmacie et de l’industrie agro-alimentaire. « Des milliers d’emplois, de savoir-faire et d’exportations sont aujourd’hui menacés par ce coup de masure protectionniste », avait-il déclaré à l’époque.

Une hausse des prix inévitable et des conséquences économiques majeures

Avec cette décision, une bouteille de vin vendue 10 euros pourrait voir son prix grimper à 11,50 euros outre-Atlantique. Une augmentation que redoutent les producteurs dans un marché très concurrentiel.La fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) a chiffré l’impact potentiel jusqu’à 800 millions d’euros de pertes pour la France et 1,6 milliard pour l’ensemble de l’Union européenne.

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