Une région à la croissance économique fragile. Avec un total de deux millions d’emplois salariés au premier trimestre 2025, la région Grand Est paraît stable. En trois mois, elle a connu une croissance de 500 nouveaux emplois. Malgré cela, elle connaît également des dynamiques divergentes.
Un marché de l’emploi qui résiste… mais seulement en surface
Si l’emploi public continue sa progression avec une augmentation de 0.4%, le secteur privé, lui, est en net recul. Le secteur de l’industrie perd 0.4% ainsi que le secteur de la construction avec une perte de 0.4% sur le premier trimestre et 1.8% sur l’année qui vient de s’écouler.
Le monde de l’intérim enregistre une chute de 1.5%, soit 900 postes supprimés. Ce chiffre est trois fois supérieur à la moyenne nationale. « L’industrie, les matériaux de construction et le transport tirent la région vers le bas », résume l’Insee.
Un chômage stable, mais avec des écarts territoriaux
Le taux de chômage régional reste stable à 7.1%. Malgré une moyenne plus faible que celle du territoire national (7.4%), elle cache des disparités territoriales.
Les Ardennes se positionnent en tête du classement avec 9.7% de chômage. L’Aube suit de prêt avec 9.4% puis les Vosges avec 7.5%, le Bas-Rhin avec 6.3% et la Haute-Marne avec 6.5% de chômage.
En ce qui concerne les zones d’emploi, certaines dépassent les 10% de chômage comme Forbach ou Charleville-Mézières, tandis que d’autres comme Épernay, Haguenau ou Sélestat sont en dessous des 5%.
L’Insee remarque également dans son analyse une hausse du chômage chez les jeunes. Au premier trimestre 2025, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A (sans emploi) a augmenté de 6.6%. Les moins de 25 ans représentent une hausse de 6.4%.
Moins d’entreprises créées sur le territoire, mais plus de défaillances
L’année 2024 marque un record historique avec plus de 67 000 nouvelles immatriculations. Le plus haut niveau atteint depuis 25 ans. Malgré cela, au premier trimestre 2025, les créations d’entreprises connaissent une baisse de 0.8%. Ce recul concerne surtout les départements de la Marne et du Bas-Rhin.
Le secteur qui se distingue le plus est celui de la construction qui connaît une chute de 5% en 2024. Les secteurs de l’industrie et du commerce, eux, stimulent la progression globale.
En ce qui concerne les défaillances d’entreprises, la région connaît une hausse de 4.4% sur l’année avec plus de 4 400 procédures (redressement judiciaire, liquidation judiciaire ou sauvegarde judiciaire). Ce chiffre est inférieur à la moyenne nationale (12%). Les secteurs du BTP, de l’agriculture et du transport sont les plus touchés par cette hausse.
Chute libre pour le tourisme régional
Avec 3,2 millions de nuitées enregistrées dans les hébergements touristiques au premier trimestre 2025, la région Grand Est accuse un recul de 7% par rapport à la même période en 2024. Les nuits hôtelières s’élèvent à 2,4 millions et par conséquent marquent un recul de 5.2% contre 2.1% au niveau national.
Les enregistrements de nuitées étrangères connaissent également une chute de 8%. Les touristes non-résidents représentent 28% de la fréquentation des hôtels de la région. Les fortes baisses proviennent des nationalités allemandes et britanniques. En revanche, les visites américaines (+45%) et asiatiques (+9%) sont en hausse sur le premier trimestre 2025.
Les départements de l’Alsace, de la Moselle et de la Marne concentrent près de la moitié des nuitées au sein de la région. Les Ardennes et la Meuse, elles, restent moins attractives avec des taux de fréquentation touristique faibles.
Des perspectives prudentes pour l’année 2025
L’Insee prévoit un léger rebond industriel dans l’année avec une hausse attendue de 1.7% du chiffre d’affaires. Cependant, les marges restent sous pression et les prévisions d’emploi intérimaire sont préoccupantes avec une chute anticipée de 16.6%.L’Insee dépeint le portrait d’une région qui n’est ni en crise, ni en dynamique de relance. Le Grand Est est dans un équilibre parfois instable et tiraillé entre des économiques dynamiques et des secteurs structurellement fragilisés.