Le crissement des sabots remplace le bruit des moteurs. Au cœur du bois de la Maillette, à Buxières-sous-les-Côtes, quelques chevaux de trait s’activent pour extraire les troncs abattus. Ce chantier de débardage au cheval, mené à l’ancienne, vise à préparer la forêt à trente ans de tranquillité. Le Département de la Meuse a choisi cette méthode douce pour préserver les sols et la biodiversité avant la mise en place d’un contrat Natura 2000.
Une forêt restée à l’écart de l’exploitation
Le bois de la Maillette, propriété du Département, s’étend sur une vingtaine d’hectares répartis entre les communes de Buxières-sous-les-Côtes, Richecourt et Montsec. Longtemps isolé et inaccessible, ce massif n’avait pas été exploité depuis plusieurs décennies. L’absence d’activité humaine a permis à la nature de reprendre ses droits, donnant naissance à un écosystème riche et rare.
Aujourd’hui, la forêt abrite des chênes centenaires, des arbres sénescents, des mares forestières et une faune variée — amphibiens, insectes, chiroptères, ainsi que le gobe-mouche à collier, un oiseau protégé. Ces caractéristiques ont valu au site d’être classé Espace Naturel Sensible dès 1994 et intégré au réseau Natura 2000 de Madine.
Un futur sanctuaire de biodiversité
Afin de préserver ce milieu, le Département prépare la signature d’un contrat Natura 2000 intitulé « Dispositif favorisant le bois sénescent ». Ce contrat, d’une durée de 30 ans, interdirait toute intervention humaine — coupe, travaux ou exploitation — sur l’ensemble du site. Plus de 700 arbres ont été recensés comme éligibles à ce dispositif, destiné à améliorer l’état de conservation des habitats et des espèces d’intérêt communautaire.
En collaboration avec le Parc naturel régional de Lorraine et l’Office national des forêts (ONF), cette démarche vise à laisser la forêt évoluer librement, sans contrainte humaine, tout en garantissant la préservation durable de sa biodiversité.
Le débardage au cheval, une technique respectueuse
Avant la mise en œuvre du contrat, une coupe d’amélioration est nécessaire pour favoriser les arbres sélectionnés. Pour limiter l’impact sur les sols argileux et éviter toute dégradation, le Département a opté pour le débardage au cheval, une technique peu intrusive qui remplace avantageusement les engins motorisés dans les milieux sensibles.
Une entreprise locale, basée à Gondreville, a été chargée du chantier. Ses chevaux de trait ardennais travaillent par paires pour tirer les grumes jusqu’aux lignes de parcelles, où le bois est ensuite récupéré par un engin forestier. Au total, près de 600 m³ de bois seront extraits, tandis que les houppiers laissés au sol deviendront du bois mort, essentiel au maintien de la vie forestière.
Cette intervention, menée entre l’automne et l’hiver 2025, se déroule durant la période la moins sensible pour la faune. Selon l’office nationale des forêts (ONF), l’opération menée au bois de la Maillette figure parmi les plus importants chantiers de France en matière de traction animale. Le volume de bois concerné, conjugué à la future protection intégrale du site, en fait une initiative rare à l’échelle nationale.