Le Grand Est a son lot d’espèces menacées

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Le 11 mai marque la Journée mondiale des espèces menacées. Depuis 2016, le réseau associatif ODONAT Grand Est élabore chaque année des listes rouges et de référence pour identifier les priorités en matière de protection des espèces et des sites. Dans la région, certaines espèces sont en danger.
Le 11 mai marque la Journée mondiale des espèces menacées. Depuis 2016, le réseau associatif ODONAT Grand Est élabore chaque année des listes rouges et de référence pour identifier les priorités en matière de protection des espèces et des sites. Dans la région, certaines espèces sont en danger.

20 000. C’est le nombre d’espèces de plantes et d’animaux qui sont, chaque année, en danger de disparition imminente, d’après une étude de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN). La France figure parmi les 10 pays qui hébergent le plus grand nombre d’espèces menacées. 2 472 espèces menacées au niveau mondial sont présentes sur le territoire. 

La région Grand Est n’est pas exempte de ce phénomène. 

Une collecte de connaissances sur les espèces 

Le 11 mai a lieu la Journée mondiale des espèces menacées. Cette dernière a pour but de sensibiliser le monde scientifique et le grand public sur l’importance de la protection des espèces en voie de disparition et sur les mesures à prendre au quotidien pour les protéger. 

Depuis 2016, l’Office des Données Naturalistes du Grand Est (ODONAT) œuvre pour le développement de la connaissance des espèces et des milieux naturels, par la collecte et la valorisation des données naturalistes dans la région. 

Pour ce faire, la fédération élabore des listes de références ainsi que des listes rouges : « C’est une compilation de toutes les espèces qu’on connaît dans le Grand Est, explique Raynald Moratin, responsable scientifique à l’Odonat Grand Est. Pour faire une liste rouge, on doit forcément faire une liste de référence. Une fois que les données sont jugées finales ou non, on regarde si elles sont récentes ou plus anciennes ». 

Le but est d’identifier les priorités en matière de protection des espèces et des sites, afin de fournir une base normée pour orienter la conservation. Les listes rouges et de référence forment un socle de connaissances des espèces du Grand Est et pour les actions en faveur de leur préservation. 

La liste de référence est une liste critique et commentée de l’ensemble des espèces d’un domaine d’étude observé ou alors signalées dans l’ensemble du territoire. 

Les listes rouges, quant à elles, sont élaborées selon la méthodologie de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et permettent de hiérarchiser les espèces en fonction de leur risque de disparition dans la région. 

La dernière en date a été publiée en mars 2025. 

Les espèces catégorisées

L’évaluation des espèces s’appuie sur une grille de critères définie par l’UICN. 

Parmi les critères se trouvent la tendance négative de la population, le taux de régression, le caractère restreint de l’aire de présence ou encore la fragilité de la population évaluée au nombre d’individus. 

Par la suite, chacune est hiérarchisée au sein d’une échelle qui comporte dix catégories. Plus l’espèce se trouve haut dans l’échelle et plus elle est menacée. « Toutes les espèces peuvent avoir différents statuts de menace en fonction de l’échelle, déclare Raynald Moratin, responsable scientifique à l’Odonat Grand Est. Le point est de faire une liste des espèces et après les mettre dans une catégorie ».  

Voici les dix différentes catégories : 

  • EX : Éteinte au niveau mondial
  • EW : Éteinte à l’état sauvage 
  • RE : Disparue au niveau régional 
  • CR : En danger critique
  • EN : En danger
  • VU : Vulnérable 
  • NT :  Quasi menacée
  • LC : Préoccupation mineure
  • DD : Données insuffisantes
  • NA :  Non applicable

Pour qu’une espèce soit considérée comme menacée, il faut qu’elle possède moins de 50 couples reproducteurs : « Les aigles, on peut les compter, par exemple on a entre 20 ou 30 couples. Mais pour les insectes, ce n’est pas possible, donc on va évaluer la zone d’occupation », décrit le responsable scientifique à l’Odonat Grand Est. 

Les espèces menacées dans la région

Selon un rapport 2024 de l’Observatoire Grand Est de la Biodiversité, cinq espèces sont protégées dans la région : 

  • Trois espèces d’écrevisses
  • 28 espèces de chauve-souris 
  • 19 espèces d’amphibiens
  • Onze espèces de reptiles
  • 175 espèces d’oiseaux

À cela s’ajoute son lot d’espèces menacées. D’après la liste rouge 2025, onze espèces de crustacés grands branchiopodes sont présentes dans la région. Parmi ce nombre, sept sont menacées, deux sont quasi menacées, deux autres sont en danger critique d’extinction et une est éteinte. 

Du côté des oiseaux hivernants, selon la liste rouge de 2024, sur 30 espèces évaluées dans le Grand Est, sept sont classées vulnérables, six sont quasi menacées et 17 sont en préoccupation mineure. 

Une autre espèce d’oiseaux est en position critique. Il s’agit des oiseaux nicheurs. Dans le monde, 49 % sont en déclin, 1 490 sont menacées et 1 002 sont quasi menacées. 

Dans le Grand Est, 234 espèces sont répertoriées depuis le 16ᵉ siècle. 199 ont été évaluées, parmi elles, quatorze ont disparu, 92 sont menacées, 32 quasi menacées et 59 en préoccupation mineure. 

« On plaide pour que les Listes soient prises en compte dans les travaux et analyses concernant la conservation des espèces », avance Raynald Moratin, responsable scientifique à l’Odonat Grand Est. 
Les scientifiques continuent la publication des Listes rouges pour 2025. Pour l’heure, celles des mammifères, des poissons, des crustacés et des papillons de jour sont encore manquantes.

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