Quatre millions de dommages causés par le gibier en 2024 dans la Meuse. Au total, c’est 2 967 hectares endommagés, soit l’équivalent de 25 exploitations agricoles détruites. Chaque année, les chasseurs doivent tuer 25 000 sangliers, toutefois les prélèvements n’atteignent pas les objectifs fixés et ne sont qu’à 80 % de leur quota.
Ces chiffres confirment une pression préoccupante du gibier et positionnent la Meuse comme le département le plus touché par ce problème en France. «Ce niveau de dégâts inacceptable est bien sûr corrélé aux populations de sangliers et de cervidés bien trop importantes sur certains secteurs », déclare la préfecture de la Meuse dans un communiqué.
Ce jeudi 11 décembre, le préfet de la Meuse, Xavier Delarue, a présenté les mesures prises concernant la pratique de la chasse dans le département meusien.
Des arrêtés préfectoraux pour réglementer la chasse
Depuis presque 30 ans, l’évolution du climat, ou encore la transformation progressive des pratiques agricoles ont modifié l’équilibre de la faune sauvage.
Les dégâts causés par le gibier, notamment les cervidés, suscitent une inquiétude croissante parmi l’ensemble des acteurs de la filière forestière. Ils fragilisent la capacité des forêts meusiennes à se régénérer dans des conditions économiques viables pour les propriétaires et compromettent à terme la qualité du bois produit.
En France, la pratique de la chasse est encadrée principalement par deux ensembles réglementaires : le Code de l’environnement et le schéma départemental de gestion cynégétique (SDGC) qui est renouvelé tous les six ans.
En Meuse, le SDGC arrivait à sa fin le 29 mai 2025. « Les échanges préalables engagés tardivement à l’initiative de la Fédération départementale des chasseurs n’ont pas permis de parvenir à un accord permettant de finaliser le document dans les temps », précise la préfecture dans un communiqué.
À la demande de son président, une prolongation de six mois du schéma en vigueur a été accordée par le préfet, en repoussant l’échéance au 29 novembre 2025. « Malgré ce délai supplémentaire, aucun consensus n’a pu être trouvé et la reconduction du schéma n’était plus envisageable. »
C’est donc le préfet qui fixe, par arrêtés préfectoraux, les règles qui ne relèvent pas directement du Code de l’environnement. Dans le département, cela concerne trois axes :
- Sécurité de la chasse
- Simplification des règles de tir des cervidés
- Agrainage et consignes de tir du sanglier
Ces arrêtés ont été établis avec la volonté de réduire les effectifs de sangliers et de cervidés, « dans un contexte où la fédération départementale des chasseurs de la Meuse ne démontrait pas un engagement suffisant en faveur de cette diminution ».
Des battues administratives mises en place
Pour réduire efficacement les populations de grand gibier, 100 % des prélèvements réglementaires doivent être réalisés. Un plan de chasse a alors été mis en place, il consiste à attribuer, pour un territoire donné, un nombre maximal et minimal d’animaux à prélever sur une ou plusieurs saisons dans le but de maintenir l’équilibre des populations et de contribuer au financement des dégâts de gibier.
Dans ce cadre, chaque animal prélevé doit être identifié grâce à un dispositif de marquage : un bracelet délivré par la Fédération départementale des chasseurs. Facturé 30 euros l’unité, plusieurs sociétés de chasse se retrouvent dans l’incapacité de poursuivre les prélèvements, constituant un frein à la réduction des populations du grand gibier.
Pour faire face à ce problème, des battues administratives, conduites sous la responsabilité technique d’un lieutenant de louveterie, sont autorisées pour celles concernées. Cela permet de mener des battues sans restriction de prélèvement et sans achat de bracelets.
Libérer la chasse pour donner au chasseur la chance de chasser », s’exprime Xavier Delarue, préfet de la Meuse.
Si les chasseurs arrivent au bout du plan de chasse, ils peuvent faire une demande de régime de battue administrative. Les communes de Salmagne, Tronville-en-Barrois et Nant-le-Grand ont d’ores et déjà fait la demande le vendredi 5 décembre, ce qui a permis l’abattage de 14 sangliers supplémentaires le week-end dernier. Trois autres communes ont également pris la décision de se lancer dans le dispositif, en faisant les démarches ce mercredi 10 décembre.
Cette démarche a déjà été activée pour une dizaine de chasses le week-end dernier, et a été très appréciée par les chasseurs concernés », exprime la FDSEA de la Meuse sur ses réseaux sociaux.
« Cette solution avait été portée depuis longtemps auprès de la FDC55, sans suite donnée », précise le syndicat. Les chasses rencontrant cette situation doivent impérativement le signaler par mail auprès de la DDT de la Meuse, afin d’obtenir la mise en place du dispositif.
Des mesures préfectorales d’encouragement à la chasse à l’affût
Le jeudi 28 août, Xavier Delarue, préfet de la Meuse, avait décidé de repousser l’ouverture de la chasse, habituellement prévue le 1ᵉʳ juin, au 28 août.
L’objectif ? Diminuer efficacement les populations de sangliers et limiter le coût des dégâts de gibier sur les cultures agricoles. Le but était également de mobiliser et d’orienter les chasseurs meusiens vers des tirs de sanglier uniquement sur les emprises agricoles.
Plus de 2 220 chasseurs meusiens se sont engagés et mobilisés dans la protection des cultures, au travers de 562 demandes faites à la direction départementale des territoires (DDT). Un engagement qui n’a jamais été aussi élevé dans le département. Sur la période de destruction de sangliers, près de 1 700 de ces gibiers ont été prélevés sur les cultures agricoles. Sur la saison 2025-2026, 23 600 prélèvements sont prévus. Malgré ces chiffres, ces derniers restent mesurés au regard de la population de sangliers. La présence des chasseurs et les tirs d’effarouchement limitent leur intrusion dans les cultures.