La Mission Bern et la Fondation du patrimoine ont dévoilé la liste des 102 sites retenus pour l’édition 2025 du Loto du patrimoine. Lancée en 2018, cette opération nationale repose sur la vente de tickets de loterie dont les bénéfices sont reversés à des projets de restauration.
Son objectif est clair : sauver des monuments en péril, valoriser le patrimoine culturel français et soutenir l’attractivité des territoires. Pour 2025, trois sites de notre territoire ont été retenus en Haute-Marne, la Marne et la Meuse.
Leffonds, un patrimoine rural à préserver
Situé au cœur de la Haute-Marne, Leffonds incarne la richesse du patrimoine rural souvent méconnu. Le village et son bâti ancien souffrent de l’usure du temps, mais conservent un charme authentique. C’est dans un petit hameau, juste a côté du village que se trouve le lieu retenu par le loto : la Maison-Dieu de Mormant. C’est l’un des rares vestiges d’établissements hospitaliers médiévaux encore debout.
Fondée au XIIᵉ siècle le long de la Via Francigena, cet ancien hôpital église avait pour vocation « d’accueillir les pèlerins et de secourir les pauvres ». Classée monument historique depuis 1989, elle souffre aujourd’hui de « fissures profondes, de voûtes fragilisées et d’une charpente déformée, qui menacent sa survie », précise dans une présentation Théo Caviezel, président de l’association de la préservation de la Maison-Dieu de Mormant.

Les travaux, programmés entre 2026 et 2028, viseront la mise hors d’eau et hors d’air du bâtiment, la consolidation des maçonneries, la reprise de la charpente et de la couverture, ainsi que la restauration d’une fresque médiévale.
Outines, les trésors des lacs de Champagne
Dans la Marne, c’est le site d’Outines, connu pour ses remarquables maisons à pans de bois et son lien privilégié avec le lac du Der, qui a été retenu. Véritable témoin de l’architecture champenoise traditionnelle, le village attire chaque année de nombreux visiteurs.
Dans ce village, c’est la forge Valentin d’Outines, établie en 1897 qui a été sélectionnée. D’abord exploitée par Alcide Humbert, maréchal-ferrant jusqu’en 1913, puis reprise par Georges Valentin jusqu’en 1965, ce lieu incarne le savoir-faire artisanal de la région.
À l’abandon depuis près de 70 ans, la toiture endommagée, les murs à pans de bois fragilisés, le foyer de la forge à restaurer, ainsi que le sol en terre battue transformé en bourbier, menacent l’équilibre même des machines historiques.
Un appel aux dons, lancé en octobre 2024, vise à transformer ce patrimoine industriel en lieu accessible au public, avec une ouverture prévue pour l’automne 2025. À travers des visites guidées, des démonstrations vivantes du métier de forgeron et des supports pédagogiques multimédias, le projet entend faire revivre cette forge comme témoin vibrant du XIXᵉ siècle.
Euville, mémoire de la pierre
Dans la Meuse, Euville rappelle l’importance des carrières et du savoir-faire des tailleurs de pierre qui ont marqué l’histoire industrielle et architecturale française. Les carrières d’Euville, dont la pierre a servi à édifier de grands monuments nationaux, constituent un site patrimonial majeur. Au cœur de ce patrimoine, la Maison Civet, construite à la fin du XIXᵉ siècle dans le hameau des Carrières d’Euville, témoigne de cette histoire ouvrière.
Ancienne école, logement et chapelle, elle est aujourd’hui en projet de restauration grâce à l’association Euville Patrimoine et Culture, qui souhaite la transformer en un lieu culturel et de mémoire. Sélectionnée par la Mission Patrimoine en 2025, la bâtisse pourrait bientôt accueillir expositions, conférences et ateliers, redonnant vie à ce symbole du passé industriel local.