« Il faut savoir tirer les bienfaits d’une crise », commence Sébastien Lecornu. À 15 heures ce mardi 14 octobre, le Premier ministre a prononcé son discours de politique générale pour le gouvernement, à la suite du conseil des ministres où a été présenté le budget de l’État ainsi que celui de la Sécurité sociale. Réforme des retraites, non-utilisation de l’article 49.3, Nouvelle-Calédonie… Voici les trois grandes annonces de Sébastien Lecornu.
La réforme des retraites suspendue jusqu’en 2028
« L’avenir de nos retraites serait au cœur de la prochaine campagne présidentielle ». Le Premier ministre a annoncé la suspension de la réforme des retraites « jusqu’à la prochaine élection présidentielle », c’est-à-dire 2028. « Suspendre pour suspendre n’a aucun sens, elle doit installer la confiance nécessaire pour bâtir une meilleure solution », déclare Sébastien Lecornu. « Le coût de la suspension est de 400 millions d’euros pour 2026 et 1.8 milliard d’euros pour 2027 ». Les prestations sociales de la Sécurité sociale seront, elle aussi, suspendue et resteront jusqu’à 170 trimestres jusqu’en 2028.
Le Premier ministre propose également une conférence pour discuter de la réforme des retraites ainsi que du travail avec les partenaires sociaux dans les mois prochains. Si cette conférence conclue, le gouvernement transposera la déclaration dans la loi. Dans le cas contraire, les français « décideront ». « Suspendre, ce n’est pas annuler, ce n’est pas reculer ».
Le budget au cœur du débat
Le Premier ministre a détaillé une partie de son projet de budget 2026, qui contient « une maîtrise des comptes publics qui réduira le déficit ».
Dans son discours, Sébastien Lecornu a annoncé avoir « renoncé à utiliser l’article 49 alinéa trois de la constitution » : « sans 49.3, sans majorité, le Parlement aura le dernier mot, nous n’avons pas à avoir peur ». Il a ajouté que le gouvernement présente « le budget qui lui semble souhaitable ».
Selon le chef du gouvernement, il y a deux « problèmes majeurs » auquel il faut s’attaquer. Le premier concerne l’accès tardif au marché du travail et le second concerne l’industrialisation du pays. « Il faut garantir l’équilibre de notre système, le garantir pour les générations futures ». Il reconnait également des « anomalies dans la fiscalité des grandes fortunes ».
« Dans tous les cas de figure, à la fin de la discussion budgétaire, ce déficit devra être à moins de 5% du PIB », annonce Sébastien Lecornu.
Il a ainsi mentionné une « contribution exceptionnelle des grandes fortunes » ou une diminution des impôts « pour les petites et moyennes entreprises ».
Le chef du gouvernement a de plus annoncé mener lui-même les débats budgétaires.
La Nouvelle-Calédonie est également l’une des priorités de Sébastien Lecornu
Depuis mai 2024, une situation complexe se déroule en Nouvelle-Calédonie. Émeutes et manifestations ont éclaté suite à une réforme du corps électoral. Après les nombreuses violences, le gouvernement Français a jugé nécessaire de renouer le dialogue et de trouver une solution institutionnelle pour l’avenir du territoire.
Les dégâts sont considérables : matériels, économiques, touristiques, employabilité…
Depuis plusieurs mois, des réunions de négociations ont lieu, notamment en ce qui concerne l’accord de Bougival, signé le 12 juillet 2025 entre certaines parties. Cet accord prévoit un nouveau statut spécifique, inscrit dans la Constitution française, pour la Nouvelle-Calédonie (double nationalité, création d’un « État de la Nouvelle-Calédonie », transfert progressif de certaines compétences, consultation populaire prévue pour février 2026).
Lors de sa déclaration de politique générale, Sébastien Lecornu a proposé de transcrire les accords de Bougival dans la Constitution Française « avant la fin de l’année », afin que les Calédoniens « puissent être consultés au printemps. » Le projet de loi constitutionnelle a été présenté ce mardi matin en Conseil des ministres. Il promet également « un nouvel acte de décentralisation par un projet de loi déposé en décembre. »