Depuis son adoption à l’Assemblée nationale le 8 juillet, cette loi continue de faire débat. La loi Duplomb-Menonville des sénateurs Laurent Duplomb (Les Républicains) et Franck Menonville (Union centriste) vise à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Le texte avait préalablement fait l’objet d’un accord entre les députés et sénateurs en commission mixtes paritaires, approuvé par le Sénat, le 2 juillet 2025.
Cette loi comprend plusieurs articles avec comme sujets, la simplification des règles de ventes et de conseils, la mise en place de solutions au sujet du stockage d’eau, le relèvement des seuils d’autorisation environnementale pour les bâtiments d’élevage, ou encore, l’instauration de caméra piéton pour les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB).
Les députés du territoire avaient majoritairement voté pour cette loi.
La réintroduction de ce pesticide interdit censurée
Cependant, un article en particulier a posé question. Il s’agit de la réintroduction à titre dérogatoire de l’acétamipride, un pesticide néonicotinoïde. Il s’agit de substances qui se diffusent dans toute la plante pour la protéger des ravageurs. Elles peuvent être utilisées en granulés, en traitements de semences ou en pulvérisation. L’usage de l’acétamipride est interdit en France depuis 2020, mais autorisé dans d’autres pays en Europe.
Le retour de ce pesticide est réclamé notamment par certains producteurs de betterave : « Ça permet de lutter contre la jaunisse pour la betterave, cette maladie amènent une baisse de la qualité de production et donc baisse de la rentabilité, à terme ça amènera à l’arrêt de la production, donc on va importer », exprime Xavier Arnould, secrétaire général FDSEA de la Meuse et élu à la Chambre Agriculture de la Meuse.
Jugé contraire à la Charte de l’environnement, le Conseil constitutionnel a décidé de censurer, ce jeudi 7 août 2025, la réintroduction de ce pesticide à titre dérogatoire. Une décision que les agriculteurs ne « comprennent pas trop » par rapport à la distorsion de concurrence. Ces derniers ont des réactions mitigées face à cette nouvelle.
Xavier Arnould appuie sur l’incompréhension entre les discours politiques et la décision : « On était pour l’intégralité de la loi, elle avait été écrite en cohérence avec la réalité du terrain. On laisse des agriculteurs dans une impasse technique qui laisse place à de l’importation, c’est incohérent ».
Malgré cette décision, les agriculteurs sont satisfaits des autres articles ayant été validés, comme celui concernant la construction d’ouvrages de stockage d’eau à finalité agricole : « On va stocker de l’eau que le sol n’est plus capable d’absorber pour le réutiliser à bon escient », explique Xavier Arnould.
Sur ses réseaux sociaux, le sénateur de la Meuse, Franck Menonville, a annoncé que la loi allait être promulguée prochainement et a ajouté que « 80 % du texte sera mis en application au profit de la simplification du quotidien de nos agriculteurs ».
« Il s’agit d’une étape supplémentaire vers le redressement de notre compétitivité agricole », exprime le sénateur sur ses réseaux sociaux, « Ce mouvement doit gagner l’ensemble des secteurs de notre économie. Ils doivent faire l’objet d’un choc de simplification si nous souhaitons espérer mettre fin au déclin économique de notre pays ».
Concernant, la réintroduction du pesticide interdit, Franck Menonville a également partagé que les modalités « devront être corrigées pour répondre aux critères fixés par le Conseil constitutionnel et cela donne des pistes d’espérances ».
Une loi qui divise le monde agricole et les citoyens
Quelques jours après l’adoption de la loi par le Sénat et l’Assemblée nationale, une étudiante en Master Qualité, Sécurité, Environnement et en Responsabilité Sociétale des Entreprises a lancé une pétition pour demander l’abrogation immédiate de la loi. Elle a atteint 2,1 millions de signatures.
La loi Duplomb-Menonville a été l’objet de mouvements de contestation, poussés par les défenseurs de l’environnement.
Selon Xavier Arnould, secrétaire général FDSEA de la Meuse et élu à la Chambre Agriculture de la Meuse, le débat au sujet de l’article réintroduisant le pesticide interdit en France, a été « pollué » et a « joué sur la peur des gens » : « C’est malhonnête, il s’est dit qu’on était des tueurs d’abeilles », commence-t-il, « On est quand même professionnels, on ne fait pas n’importe quoi, il faut nous laisser des solutions pour qu’on puisse faire notre agriculture ».
Toutefois, Xavier Arnould précise que cette « période de débat » a permis de faire remarquer un manque de communication : « Il faut qu’on arrive à communiquer, il faut qu’on sache mieux expliquer auprès des citoyens ce qu’on fait, pourquoi on le fait, etc… pour rétablir des vérités et pour les rassurer ».
En mai 2025, le monde agricole de la Meuse s’était mobilisé lors de plusieurs actions à travers le département afin de demander l’adoption de la loi et l’application des règles européennes.