« Le président de la République a nommé M. Sébastien Lecornu Premier ministre, et l’a chargé de former un gouvernement ». Cette phrase, diffusée ce vendredi à 22 heures, tard par l’Élysée, tient lieu de communiqué officiel. Aucun commentaire supplémentaire, aucune explication : la décision, fruit de tractations intenses, marque la fin d’un suspense politique entamé depuis la démission du gouvernement lundi.
Macron choisit la continuité dans la tourmente
En à peine quatorze heures de mandat effectif avant son départ, Sébastien Lecornu était devenu le symbole d’une crise gouvernementale inédite. Le voici de retour, par la seule volonté du chef de l’État, dans une séquence aussi rapide qu’improbable.
Ce choix s’inscrit dans une logique de stabilité plutôt que de renouveau. Emmanuel Macron, confronté à une impasse politique et à l’absence de majorité claire à l’Assemblée nationale, a préféré reconfier les clés de Matignon à un homme qu’il juge capable de tenir la ligne dans la tempête. Lecornu, fidèle macroniste et fin connaisseur des rouages de l’État, devra désormais composer un nouveau gouvernement susceptible d’éviter une paralysie politique durable.
Les élus du territoire réagissent à l’annonce
Après l’annonce, de nombreux élus ont réagi. Contactés, les élus locaux ont souhaité s’exprimer sur la situation. Maxime Amblard, député Rassemblement National de la première circonscription de la Meuse, déclare : « Ça pourrait être risible si ce n’était pas si grave pour la France. » Pour lui, cette situation est un moyen pour le président de la République de gagner du temps face au vote du budget. « Il a trouvé une majorité absolue de députés qui ne veulent pas de dissolution. »
« Nous censurerons tout gouvernement jusqu’à la dissolution. La seule issue est de redonner la voix au peuple, soit par la dissolution, soit par la démission d’Emmanuel Macron », annonce-t-il. Pour lui et son parti, « c’est un déni de démocratie. »
Laurence Robert-Dehault, députée Rassemblement National de la deuxième circonscription de la Haute-Marne, est du même avis. « Nous assistons à un sketch pitoyable », déclare-t-elle. « Le petit jeu d’Emmanuel Macron fragilise les institutions du pays. » Pour l’élue, les français ne souhaitent qu’une seule chose : un retour aux urnes. « Il faut rendre au français le pouvoir de décision », explique Laurence Robert-Dehault. Elle rajoute, « on ne trouve plus de premier ministre, plus personne ne veut y aller. C’est aux français de décider. La France ne peut plus perdre de temps. »
Charles de Courson, député centriste de la cinquième circonscription de la Marne, est resté bref dans sa déclaration : « Nous attendons la déclaration de politique générale et le projet de budget. Le budget, c’est la traduction d’une idée politique. La situation, elle est compliquée, car il va y avoir plusieurs motions de censures à partir de demain, donc ça va se jouer à ce moment. »
Contacté, Christophe Bentz, député Rassemblement National de la première circonscription de la Haute-Marne, ne s’est pour l’instant pas exprimé sur la situation.