La situation inquiète. Alors que le niveau de risque d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) a été relevé à « élevé » en France, la Champagne humide fait face à une vague de surmortalité inédite chez les grues cendrées. Dans la Marne comme en Haute-Marne, communes, associations et institutions locales se mobilisent pour endiguer l’épizootie et protéger la faune, les élevages et le public.
Qu’est-ce que l’influenza aviaire ?
L’influenza aviaire est une infection virale hautement contagieuse des oiseaux sauvages et domestiques, y compris d’élevage. Les périodes et mouvements de migration des oiseaux sauvages ont un impact sur le risque de transmission des virus aux oiseaux d’élevage, de compagnie et à ceux des parcs zoologiques.
Vitry-le-François organise la collecte des grues mortes
La Communauté de Communes Vitry Champagne et Der et la Ville de Vitry-le-François ont décidé de réagir concrètement face à l’épizootie. C’est l’une des seules collectivités à organiser des collectes, d’habitude assurée par l’Office français de la biodiversité (OFB). Le territoire a mis en place un point de collecte des grues mortes pour ses communes membres, une première en France, afin de centraliser les signalements et faciliter l’intervention des services compétents.
Dans un communiqué publié ce vendredi, la collectivité précise que « ce virus, particulièrement virulent cette année, touche notamment les grues cendrées autour du lac du Der, où une forte mortalité est observée. »
Les habitants sont invités à ne pas toucher ni déplacer les oiseaux morts, à signaler leur présence à la mairie et à mettre à l’abri volailles et oiseaux d’ornement.« Ensemble, restons vigilants pour protéger nos élevages et la faune locale », conclut la collectivité dans son communiqué officiel.
En Haute-Marne, les autorités appellent à la prudence
« Plusieurs observations de grues cendrées blessées ou affaiblies nous ont été rapportées aujourd’hui sur le lac du Der ». Florian Millot, conservateur de la réserve du lac du Der s’était montré inquiet. Son post publié sur Facebook le 20 octobre faisait état d’oiseaux mal en point. En Europe, notamment en France, des détections d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) ont été observées chez les oiseaux migrateurs.
La préfecture de la Haute-Marne a publié un communiqué pour alerter sur la situation et rappeler les consignes de sécurité. Le document précise que des cas ont été constatés dans le département et appelle à la vigilance accrue des habitants comme des éleveurs.
La préfecture recommande notamment de rentrer les volailles, éviter tout contact avec les oiseaux sauvages, signaler les animaux morts ou affaiblis aux mairies et attendre les consignes des services de l’État avant toute intervention. Elle rappelle également que « selon l’ANSES, la transmission à l’homme reste exceptionnelle et aucun cas n’a été recensé en France. »
De son côté, le préfet de la Marne, Romain Royet, appelle à une mobilisation générale des acteurs concernés : « La mobilisation de toutes les personnes concernées, en particulier les éleveurs, les détenteurs d’oiseaux et les riverains, est essentielle pour limiter la propagation de ce virus », souligne-t-il dans un communiqué du 23 octobre.
La Fête de la grue maintenue au lac du Der pour informer le public
Malgré la crise sanitaire qui touche les oiseaux migrateurs, la Ligue pour la protection des oiseaux Champagne-Ardenne (LPO-CA) a choisi de maintenir la Fête de la grue et de la migration au lac du Der, tout en annulant certaines animations prévues sur les sites les plus sensibles, comme les étangs de Belval-en-Argonne (Marne) et de la Horre (Aube/Haute-Marne).
À la suite d’une réunion de crise organisée le 22 octobre avec la préfecture de la Marne, l’association a estimé essentiel de préserver un espace d’échange et de pédagogie avec les visiteurs.
La LPO a d’ailleurs mis en place une permanence d’information sur le site de Chantecoq, où les bénévoles expliquent les causes de la surmortalité et les gestes à adopter. Sur ses réseaux sociaux, l’association résume la situation. « Nous pourrons expliquer aux visiteurs les raisons de cette mortalité inhabituelle et répondre aux nombreux questionnements que cette situation soulève légitimement. »
