CIDFF 52 : face à une crise nationale, l’association conteste en fermant ses permanences 

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Tous les Centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) de France affrontent une crise inédite : les « indispensables » subventions de l'État n’étant pas versées, ces associations ferment leurs permanences une à une pour manifester. C’est le cas de celles de Haute-Marne depuis lundi 23 juin.
Tous les Centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) de France affrontent une crise inédite : les « indispensables » subventions de l'État n’étant pas versées, ces associations ferment leurs permanences une à une pour manifester. C’est le cas de celles de Haute-Marne depuis lundi 23 juin.

« Subventions non versées, droits des femmes en danger. » C’est le message fort que les 98 Centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) de France clament haut et fort cette semaine. Pour cause, les CIDFF n’ont pas reçu les subventions que l’Etat s’est engagé à verser pour financer ces associations, ainsi que la compensation financière « Prime Ségur »

Une situation alarmante

Ces associations, d’intérêt général, sont présentes dans chaque département afin d’apporter une aide juridique, professionnelle, mais aussi une écoute et des conseils variés aux femmes et aux familles, dans une démarche de favorisation de l’autonomie et d’égalité femmes hommes. Au total, 2 300 permanences existent aujourd’hui en France. 

Pour la plupart, cette situation est dramatique. C’est le cas pour le CIDFF de Haute-Marne qui se retrouve dans une position « catastrophique » face à ce manque de versement. « Les subventions de l’État représentent 80 % de notre budget,  explique avec inquiétude la directrice Salomé Lebaigue. Nous avons déjà pioché dans nos réserves, et on arrive à terme. »

L’activité totale mise en péril…

Sans l’aide de l’État, les CIDFF ne peuvent pas accompagner durablement les personnes qu’ils accueillent chaque jour. « Cette semaine, on ferme nos permanences dans un élan de contestation nationale, mais à terme, on devra peut-être les arrêter définitivement et cesser nos accompagnements en tout genre », s’inquiète la directrice. 

Le CIDFF 52 assure des permanences juridiques et socio-professionnelles à  Chaumont, Langres et Saint-Dizier. Il organise aussi toutes sortes d’actions telles que le parcours d’un van itinérant pour un accompagnement en milieu rural, des conseils téléphoniques, des interventions et sensibilisations dans les centres d’insertion ou encore les centres socioculturels et ciné-débats. 

… alors que les demandes ne font qu’augmenter

Au cours de l’année 2024, l’association haut-marnaise a accueilli pas moins de 2 777 demandes, et 1 709 d’entre elles concernaient des accompagnements juridiques. 

Les demandes d’accompagnements s’accroissent d’années en années, et le bilan est lourd.  

Comme partout en France, les chiffres concernant les femmes victimes de violence ne cessent d’augmenter : « Nous avons constaté une hausse de 39% des femmes victimes de violence qui sont venues nous voir entre 2023 et 2024, soit 500 personnes de plus, expose Salomé Lebaigue. Si nous n’avons plus de subventions, nous ne pourrons plus intervenir pour ces personnes dans le besoin. » 

Le pire scénario envisagé 

La directrice haut-marnaise annonce clairement que contrairement à d’autres centres départementaux plus conséquents, « le CIDFF 52 ne pourra pas se contenter de plan de licenciement économique pour faire perdurer son activité, et pourrait passer directement en cessation d’activité », si les choses ne s’améliorent pas dans les prochains mois. 

Pour le moment, les permanences sont fermées toute la semaine, du lundi 23 au vendredi 27 juin, mais elles reprendront dès lundi 30 juin. La ligne téléphonique reste quant à elle ouverte pour les appels d’urgence et d’accompagnement. 

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