« Un échange courtois mais ferme ». C’est comme cela que Thomas Millot, président des Jeunes Agriculteurs de Haute-Marne, résume son échange téléphonique avec la ministre de l’Agriculture. Cesamedi aux alentours de 6 heures , Annie Genevard a contacté par téléphone le haut-marnais. Un appel d’une quinzaine de minutes consacré à la prédation du loup et à la série d’attaques qui frappe actuellement le département.
Un échange déclenché après l’attaque de Noël
Ce contact direct intervient au lendemain d’une attaque particulièrement violente, survenue dans la nuit du 24 au 25 décembre, au cours de laquelle 24 brebis ont été tuées ou euthanasiées. Un nouvel épisode qui s’inscrit dans un contexte déjà extrêmement tendu, la Haute-Marne étant devenue en 2025 le département de plaine le plus touché par la prédation en France.
Lors de cet échange, la ministre aurait reconnu la gravité de la situation et indiqué suivre le dossier depuis plusieurs mois. Elle aurait également fait savoir qu’un déplacement sur le terrain était envisagé, sans toutefois pouvoir le programmer à court terme.
Un déplacement envisagé, mais conditionné
Selon Thomas Millot, la ministre a expliqué qu’elle souhaitait attendre de disposer de solutions concrètes avant de se rendre en Haute-Marne. Une position que le président du syndicat a immédiatement questionnée, rappelant que les attaques, elles, n’attendent pas.
« Le loup n’a pas de jour férié. Il n’y a pas de pause dans la prédation », a-t-il insisté, soulignant que les éleveurs se retrouvent aujourd’hui en première ligne, sans réponse opérationnelle suffisante.Au cours de l’échange, le président des Jeunes Agriculteurs a demandé une intervention rapide de l’État, notamment par la mise en place de prélèvements, afin de mieux réguler la présence du loup sur le territoire.
« Ce n’est pas le rôle des agriculteurs de gérer seuls une situation qui relève de la responsabilité de l’État », a rappelé Thomas Millot, pointant le sentiment d’abandon ressenti par de nombreux éleveurs.
Refus de la compassion, appel à l’action
Le responsable syndical a également tenu à écarter toute approche compassionnelle. « On ne veut ni émotion ni compassion. On est assez grands pour pleurer tout seuls nos brebis », a-t-il déclaré, appelant à des décisions concrètes, rapides et efficaces.
Selon les organisations agricoles, le seuil symbolique des 800 animaux tués pourrait être franchi avant la fin de l’année, renforçant le sentiment que la situation est désormais hors de contrôle. À l’issue de cet échange, Thomas Millot dispose désormais du numéro direct de la ministre, qui s’est engagée à le rappeler d’ici la fin de la semaine. Un signe, pour les Jeunes Agriculteurs, que le dossier est traité au plus haut niveau, même si la profession attend désormais des actes concrets.
Début 2026, les représentants nationaux des syndicats agricoles devraient rencontrer le Premier Ministre, Sébastien Lecornu à Paris. La question du loup sera sûrement posée parmi toutes les autres préoccupations : dermatose nodulaire, Mercosur ou encore pression administrative.



