Le cinéaste Dominik Moll, habitué des récits sombres et puissants, signe avec Dossier 137 un thriller politique et socialement engagé, où il interroge les relations entre police, institutions et citoyens. En toile de fond : les gilets jaunes, l’IGPN et la fracture entre Paris et la province. Une partie du film a été tournée à Saint-Dizier, où le réalisateur est venu en avant-première.
Saint-Dizier : un décor symbolique
Dominik Moll ne cache pas son intérêt pour la police des polices : « Il n’y a jamais eu de film centré sur l’IGPN. Voir une enquêtrice enquêter sur d’autres policiers, c’est déjà un point de départ fascinant », explique-t-il. À travers cette enquête, il aborde des questions brûlantes : le maintien de l’ordre, les dérives policières, et le sentiment d’injustice vécu par certains citoyens.
Si le film est en grande partie situé à Paris, Saint-Dizier incarne la province oubliée. « Je cherchais une ville que peu de gens situent, une ville industrielle, marquée par son histoire et son éloignement du pouvoir central », précise le réalisateur. Le choix est aussi personnel : sa mère est originaire de la Meuse, non loin de là.
Pendant une semaine, l’équipe a filmé dans plusieurs lieux clés, parfois en trichant sur les décors. Le rond-point des gilets jaunes, par exemple, a été tourné près de Vitry-le-François pour des raisons logistiques.
Une fiction ancrée dans le réel
Le film raconte l’histoire de Stéphanie, enquêtrice à l’IGPN, confrontée à un tir de flashball sur un manifestant. En toile de fond, les gilets jaunes et le doute moral au cœur de la fonction policière. Dominik Moll revendique une volonté de poser des questions plus que de donner des réponses : « Comment en arrive-t-on à des violences policières ? Que dit cela de nos institutions ? De notre démocratie ? »
Le réalisateur raconte une anecdote sonore inattendue : les bruits de Rafale survolant la base aérienne de Saint-Dizier. Loin de les considérer comme une gêne, il les a intégrés au film : « Ça ajoute une ambiance unique. Cette base fait partie du paysage local ».
L’importance de revenir sur les lieux
Organiser une avant-première à Saint-Dizier était une évidence : « C’est un geste de reconnaissance pour les habitants et les institutions qui nous ont accueillis ». Le public y a découvert un film engagé, profond, mais sans manichéisme, fidèle à la filmographie de Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, Seules les bêtes…).