Le 30 janvier 2023, la vie de Marie bascule. En quelques jours, elle est plongée dans le coma à la suite d’ une grippe qui s’infecte. Nécrosés, ses 4 membres sont alors amputés. Le début d’une nouvelle vie qu’elle raconte dans “Après tout, nous sommes là”, son premier livre, publié en août 2025. Une autobiographie bouleversante :
« C’est mon histoire, tout simplement. C’est mon récit de vie, mon témoignage autour de l’histoire qui m’a frappée il y a deux ans et demi et qui m’a rendue comme ça. Je voulais vraiment que ça soit un témoignage sincère. J’ai choisi mes mots, j’ai choisi ce que je voulais raconter et je voulais surtout qu’il soit réel, qu’il témoigne vraiment du quotidien, que ce soit positif ou négatif, pour pouvoir expliquer aux gens comment on fait pour vivre avec un handicap lourd. »
La place du handicap dans la société
« Dans la rue, quand on me croise, on me demande tout de suite “Qu’est ce que tu as eu ?” Alors voilà, je raconte avec mes mots ce qui s’est passé, mes ressentis, mes combats, mes réussites et ma vie en général autour du handicap pour aussi faire changer la perception du handicap. »
« Je suis atteinte d’un handicap qui marque les gens, qui n’est pas courant, donc forcément ça choque. Et on a toutes les remarques des enfants, des adultes. Il y a aussi tous les aspects où on ne m’adresse pas la parole directement. On s’adresse à mon accompagnant, on ne me donne pas de carte au restaurant. Ce sont des choses qui nous blessent, en plus de ce qu’on doit affronter au quotidien. On voit tous les petits regards furtifs, tout ce qui est très gênant. Et même si on le montre pas, ça nous touche. Et après, quand on retourne chez soi, on est un peu accablés par par tous ces sentiments, on se sent vraiment différent et on se sent mal considéré parce qu’on a plus sa place dans la société. On a l’impression de ne servir à rien, d’être dépendant de tout le monde et d’être un poids, une charge pour tout le monde, alors qu’on peut quand même faire des choses malgré la dépendance. »
Mieux faire comprendre le handicap
« Je pense que chaque personne peut trouver dans ce livre quelque chose pour mieux comprendre le handicap, mieux faire comprendre le handicap ou alors prendre des petites expériences de vie pour l’aider. Je donne des petites astuces sur comment je fais pour m’en sortir dans certaines situations, donner aussi des projets, des envies, des activités auxquelles on ne pense pas quand on a un handicap alors que c’est totalement faisable. Par exemple, écrire totalement un livre en commande vocale. »
« Je pense que ce livre peut être un symbole. C’est ce qu’on m’a dit en rééducation ou ailleurs quand on m’a vu marcher avec des prothèses. Alors je suis coupée qu’il me reste quinze cm de cuisse. Tu vois, tu arrives. Oui, parce que j’ai de la volonté, j’ai de la force et que je voulais le faire. Et si ça, ça peut aider les personnes qui ont quelque chose à se dire, je peux y arriver. C’est déjà un message fort et qui est gagnant pour tout le monde. Après, moi, ça m’a donné aussi le goût de l’écriture d’un nouveau projet, de réaliser quelque chose aussi par moi même, différent de ce que je faisais avant. C’est exactement ça. »
La leçon de la vie
« Ce genre de maladie, ça bouleverse complètement une vie. Il faut tout réinventer, tout réadapter et sans cesse faire des efforts. C’est une vie vraiment d’efforts, du matin jusqu’au soir pour tenir bon, que ce soit des efforts physiques, des efforts mentaux avec l’entourage. Parce que, des fois, on n’est pas de bonne humeur, on a pas envie d’être gentil et pour ne pas perdre son entourage, il faut quand même être gentil. »
« Moi c’est d’abord ma satisfaction personnelle d’être arrivé au bout de l’écriture d’un livre sur ma vie, d’avoir écrit quelque chose de fort qui me touche personnellement et qui, je l’espère, peut aider plein de personnes en situation de handicap ou pas. Parce que faire changer le regard des autres, ça passe aussi par la connaissance dans la société. Et du jour au lendemain, on peut avoir sa vie qui bascule donc c’est important de vraiment prendre conscience de ce qu’on a à chaque moment, des petites choses, de son bonheur et de se dire que même s’il arrive quelque chose de grave, on peut toujours trouver quelque chose de positif et on peut s’en sortir. »
